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Que dire du spectacle donné par le championnat du monde de F1 ces dernières saisons? La catégorie reine du sport automobile intéresse de moins en moins de monde, la constat est indéniable. A qui la faute? On peut se le demander, mais nous avions surtout envie de revenir sur la déclaration d’Alain Prost en marge du Grand de Monaco en rapport avec le domaine qui nous intéresse les réseaux sociaux.

« Bien évidement de mon temps, il n’y avait pas tous ces réseaux sociaux. A mon avis ils contribuent aux problèmes actuels de la Formule 1. Je pense que c’est une mauvaise chose que les fans partagent constamment leurs mauvais commentaires. Cela influence ceux qui apprécient le sport sans cela. »

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Alain Prost

On ne présente plus Alain Prost, le plus grand pilote F1 que la France nous ait donné. Il a été au passage 4 fois champion du monde soit autant que Sebastien Vettel mais plus que des légendes comme Ayrton Senna ou Niki Lauda. De plus, notre bon Alain a aussi eu une expérience en tant que patron d’écurie chez la défunte Prost Grand Prix. Celui qu’on a surnommé le Professeur est un homme qui compte dans le sport automobile en général.

Mais cette déclaration est aux antipodes de notre façon de voir les réseaux sociaux. Au lieu de pointer du doigt les gros défauts de cette F1 des années 2000, il participe à ce Bashing bien français envers les réseaux sociaux. Alors que la F1 s’ouvre enfin à l’espace Internet.

Regarde et tais toi

Comme beaucoup, nous avons grandi avec la formule 1 du dimanche après midi quand l’offre télévisuelle était pour le moins réduite. Ces années ont été rythmées par les duels entre Prost et Senna, l’accident de ce dernier ou les premiers titres de Schumacher. Mais à partir des années 2000, suite à l’hégémonie sans partage du baron rouge, la F1 a changé. Même si nous avons eu un championnat 2014 assez palpitant en terme de suspense avec la lutte fratricide entre Rosberg et Hamilton, le public ne suit plus. Car il faut bien l’avouer, le public de la F1 ne s’est pas renouvelé. Les gens qui regardaient la F1 comme une messe dominicale ne se reconnaissent plus dans ce championnat aseptisé. Bernie Ecclestone, le détenteur des droits de diffusion, n’est d’ailleurs pas très content de cette nouvelle F1. Mais Bernie a aussi un avis bien tranché sur les réseaux sociaux. Comme Alain Prost il n’aime pas ces nouveaux espaces de liberté. il faut dire que le monsieur est agé (84 ans) et est surtout un homme de télé à l’ancienne. Pour lui, plus de réseaux sociaux seraient synonyme de moins de télé.

F1 social media
Bernie grand argentier de la F1

Cette saison 2015 est une année charnière et la FIA le sait. C’est pour cela qu’elle s’ouvre aux réseaux sociaux faisant fis de l’avis de ce bon vieux Bernie. Il a été demandé aux pilotes et constructeurs une meilleure communication avec leurs suiveurs. En d’autres termes les réseaux sociaux doivent être exploités au mieux en vue d’améliorer le championnat du monde.

Pour suivre le raisonnement d’Alain Prost, les réseaux sociaux ne peuvent que perturber le monde de la F1. En effet, s’exposer aux critiques des spectateurs ne peut pas être constructif. Alain Prost précise qu’en son temps cela n’existait pas, dans le pure style « c’était mieux avant ».

C’est un peu « regarde et tais toi, estime toi heureux d’avoir ce que tu as ». Les réseaux sociaux sont certes le repère des pires haters, mais c’est surtout un espace de liberté où l’on peut donner son avis sur tout. L’avis des fans de F1 doit être pris en compte surtout si ils payent pour voir le spectacle. En effet, de plus en plus de diffuseurs sont des chaines cryptées qui nécessitent un abonnement comme Canal + pour la France. Le public est donc en droit de dire qu’il regarde un spectacle qui n’est plus en adéquation avec l’idée qu’il se fait de la F1.

La politique de l’autruche suggérée par Alain Prost risque de couper encore plus la base de fans existant avec cette compétition qui leur était sacrée. Les critiques négatives (qui sont justifiées) ne peuvent pas causer la perte de la F1. Mais c’est tout le contraire.

Les vraies raisons

Le public, comme dit précédemment, ne s’est pas renouvelé et est nostalgique de la formule 1 pré 2000. En effet, le bruit assourdissant des moteurs faisait partie de ce patrimoine. Mais depuis, les moteurs ne font plus de bruit, dévitalisant un peu plus l’essence même de la F1. On aimait le vrai pilotage des années 80 où on avait le sentiment que le pilote jouait sa vie à chaque virage. Maintenant, l’électronique est de partout avec l’aide au pilotage, « facilitant » le travail du pilote. Les stratégies de course étaient aussi au cœur d’un Grand Prix. Mais les nouvelles réglementations sur le ravitaillement ou le poids du véhicule enlèvent ce charme.

Autrement dit, ce qui plaisait aux fans de F1 n’est plus. A la base tous ces changements devaient améliorer le spectacle mais la F1 a perdu son âme. La FIA commence à en prendre conscience même si il n’y aura pas de changements majeurs avant 2017.

Le Grand Prix de Monaco à l’heure du digital

Le Grand Prix de Monaco de Formule 1, est le plus suivi de la saison. Une chance pour tester l’intérêt des fans sur la toile. Ils peuvent maintenant suivre le Grand Prix en temps réel gratuitement sur les réseaux sociaux à l’heure où les places en tribune sont de plus en plus chères. La transition digitale est donc en marche. De plus; chaque écurie et chaque pilote possèdent un compte officiel sur Facebook, Instagram et Twitter. Total est aussi présent sur Youtube avec Romain Grosjean en vedette.

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L’équipe Sauber sur Facebook

Malgré la réticence de la FOM – le promoteur du championnat du monde – cette ouverture aux réseaux sociaux est un succès. On peut comprendre la peur des diffuseurs quand on parle de suivre le Grand Prix gratuitement sur une tablette ou un Smartphone. Mais il faut que la F1 vive avec son temps pour partir à la conquête d’une nouvelle base de fans tout en gardant les vieux de la vieille.

Mais il faudra faire sans l’avis de Bernie Ecclestone qui ne semble pas vouloir d’un rajeunissement des fans de F1. L’exemple qu’il donne est parfait pour comprendre ce personnage anachronique à l’heure du numérique. En effet, les sponsors de la F1 sont des marques comme Rolex ou la banque UBS. Or selon lui, les jeunes n’en ont rien à faire des banques et ne vont pas acheter de Rolex car ils n’ont pas d’argent. Il voit encore les réseaux sociaux comme l’ennemi qui rognera sur ses droits de diffuseur. Sa peur de voir arriver les Grands Prix en intégralité sur Facebook peut être légitime mais bon…

Alors oui nous avons le droit et je dirais même le devoir de nous plaindre de ce qu’est devenue la F1. Les fans peuvent peut être faire infléchir les décideurs. Le monde de la F1 change même si cela reste encore un milieu très conservateur.

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