BAC

Avant pour réviser son bac, on se contentait de regarder Roland Garros. On pouvait être tenté de zapper sur le téléfilm de M6, mais on revenait toujours sur le cours (de tennis).

Aujourd’hui, et selon l’étude Pew Research , 75% des jeunes possèdent un smartphone et 9 jeunes sur 10 se rendent en ligne via leur téléphone portable¹. Je n’ose alors imaginer les distractions qui s’offrent à eux en pleine période de révisions…

Sage parole est Maître Yoda
Sage parole est Maître Yoda ?

Mais non Yoda ! Au contraire !!

Vous êtes un parent inquiet quant à l’hyper-connectivité de votre enfant qui passe son bac dans quelques semaines? Pas de panique! Selon un rapport publié en 2012 par Jean-Michel Fougrous, député UMP,  50% des lycéens utiliseraient les réseaux sociaux pour leur travail scolaire.

On aimerait bien savoir comment car la plupart expriment vivement leur (pseudo?)  inquiétudes face à l’arrivée à grands pas de l’épreuve « fatidique ».

 

T’inquiètes gros, Kim des Marseillais a eu son bac alors qu’elle pensait qu’il y avaient deux lunes…

Heu… ouvrir ses bouquins..?

Alors toi, pour le coup, tu mériterais de pas l’avoir ton bac !

  On a fait le tour des  réseaux sociaux pour repérer des comptes Twitter ou des pages Facebook intéressantes à suivre. Et le résultat est plutôt décevant… En effet, entre les comptes et pages inactives, et celles aux fréquences de contenus irrégulières, on trouve peu voire prou de comptes dédiés.  Entre @revisebac aux 4 abonnés, des éditions Hachette, avorté en 2011, qui se contentait de vendre ses applications et @RevisetonbacES et ses 8 abonnés qui tentait en 140 caractères (et sur 4 jours) « d’aider les lycéens qui passent leur bac ES », et bien Twitter est assez pauvre pour le coup. 

Pour autant…

Nos recherches nous ont mené vers les comptes de professeurs d’école et de lycée regroupés sous le hashtag #Twittclasse. En bons professeurs de français, ils appellent cela une « balise », mais passons 🙂  

Les tweetclasses ont été créées suites aux expériences menées durant l’année 2009-2010 par Laurence Juin (@frompennylane) qui a utilisé Twitter avec sa classe de terminale pour leur faire réviser le bac². A travers le compte @laderniereannee (aujourd’hui inactif). Le professeur relayait les informations générales comme les changements d’emploi du temps, les devoirs, sa veille informationnelle sur l’actualité (politique, culturelle, etc.), des liens pour bien réviser les sujets travaillés en cours.  


Et surtout, elle organisait des live tweet avec ses élèves autour d’une thématique !

Lorsque l’on parcourt le compte de @laderniereannée, on constate qu’une proximité s’est créée avec les élèves. Une façon aussi de décloisonner la relation prof-élève.

À l’époque, plusieurs médias avaient parlé de l’expérience (France 3, Canal +, LCI, TF1, France Bleu, France Info, Nostalgie, Le Mouv’, ect.). Et au final, tous les élèves ont eu leur bac. Aujourd’hui Laurence Juin poursuit son utilisation des réseaux sociaux en classe et dispense des formations sur l’utilisation de ces derniers à des fins pédagogiques.

Ainsi, d’autres professeurs ont suivi le mouvement et utilisent twitter avec leur classe. C’est le cas de Régis Forgione (@profdesecoles) instituteur en Moselle. Il pratique la #twittclasse depuis 3 ans avec sa classe. Pour Régis, la #twittclasse permet de sensibiliser à l’identité numérique dès les classes de primaires et de travailler entre autres l’orthographe avec la Twictée. En effet, les usages sont très nombreux et donnent l’occasion aux parents de voir directement ce qu’il se passe en classe.

Le site twittclasses.fr recense à ce jour 364 Twittclasses. Mais comme tient à le préciser Régis Forgione « il ne doit pas être à jour », de plus en plus de professeurs du primaire, du secondaire et du supérieur rejoignent ce dispositif, permettant à chacun de s’inspirer les uns des autres. Une belle façon d’utiliser et de sensibiliser aux réseaux sociaux à l’heure où ces derniers prennent un place de plus en plus importante dans la vie professionnelle.

Du côté de Facebook, des groupes de révisions ont tenté d’émerger, mais la plupart sont à l’abandon. La faute certainement au temps que cela demande et le manque probable d’impulsion menée par une personne ou un collectif.

Pour autant, là encore, des professeurs s’organisent à leur manière. Tout comme Marie-Noëlle Sorentino, professeur d’italien au lycée Pascal Paoli de Corte. Elle a ouvert un profil Facebook il y a 4 ans afin de communiquer avec ses élèves. Etant elle même sur Facebook, elle recevait de nombreuses demandes de ces derniers auxquelles elle refusait de répondre. En effet, inscrite sur le réseau à titre personnel, il s’agissait de garder – tout de même – un certaine distance. Dès lors, elle a créé un profil « professionnel » lui permettant de signaler une absence éventuelle ou un changement d’horaire de cours, de publier les photos des voyages scolaires, et surtout de compléter ses cours en partageant des contenus interactifs en lien avec les leçons du jour.

Et ses élèves en redemandent ! Le timide qui n’ose pas poser de questions en classe se rattrape par message privé, le plus vif va commenter les liens en référence au cours,  et une classe entière fera exploser le nombre de like sur une publication annonçant un contrôle reporté. Autant d’exemples qui permettent aussi à Marie-Noëlle de les sensibiliser en permanence à leur identité numérique. Ils sont ainsi heureux de pouvoir communiquer aussi facilement avec leur professeur, et surtout « ravis d’être informés des absences en exclusivité ».

Aujourd’hui, pour ses classes allant de la 4ème à la Terminale, le professeur d’italien réfléchit à la possibilité d’intégrer davantage les réseaux sociaux à sa pédagogie d’apprentissage .

Alors ce Bac, tu le révises ?

L’année de mon bac, les réseaux sociaux n’existaient pas encore, mon T28s ne pouvait même pas aller sur le WAP, et je devais me contenter des AnnaBac (et de Roland Garros) pour réviser. Du côté des réseaux sociaux, pour sûr il y a quelque chose à faire pour les lycéens afin de les aider à s’investir d’autant plus dans leurs révisions. Studyrama dispense par ailleurs des conseils pour réviser grâce aux réseaux sociaux.

Alors bien sur, le jeune te dira « Ouech, mais je bouffe des cours toute la journée, alors si je vais sur les réseaux sociaux c’est pour autre chose ». Pour autant, de plus en plus de professeurs investissent Twitter et Facebook au service de leurs élèves, qui ont bien compris qu’une pédagogie éducative « interactive » et « digitale » est adaptée à cette Génération Z . Ils sembleraient qu’un champ de perspectives s’ouvrent pour les profs et les community managers désireux de faire évoluer cette pratique…

 

 


 

¹ Source : http://blog.over-graph.com/etudes-les-jeunes-sur-les-reseaux-sociaux-instagram-tres-apprecie/

² Retrouvez le bilan de l’expérience ici

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